LES AUBADES DE LA SAINT-ÉLOI DE CHÂTEAURENARD
Un DVD documentaire de Patrick KERSALÉ
L’objectif initial du tournage était de présenter le galoubet (flûte provençale à trois trous de jeu) dans un contexte rituel authentique. Puis, devant l’intérêt général du rituel estival de la Saint-Éloi d’une part, la richesse humaine et sociale d’autre part, le propos s’est tout naturellement élargi. Sept années se sont écoulées entre le tournage et le montage car il nous fallait trouver une bonne raison de publier un tel film. L’occasion s’est imposée au moment de l’élaboration d’un projet sous forme de tryptique à l’attention des professeurs de musique de l’Éducation Nationale (DVD THÈM’AXE 8 aux Éditions Lugdivine). Ce projet mettait en perspective trois cultures permettant à des individus de se construire : la confrérie de SaintÈloi de Châteaurenard, le bouddhisme tantrique du Tibet et la culture hip-hop.
Ce DVD propose une présentation historique, structurelle, sociale et musicale de la confrérie de Saint-Éloi de Châteaurenard. Trois acteurs-clés de la confrérie nous guide dans cette découverte :
• François Inisan : président de la confrérie de 1999 à 2008.
• Marcel Nouguier : tambour, bayle en 1994.
• Serge Mariani : président de 1990 à 1999.
Qu’ils en soient ici remerciés une fois encore.
Patrick Kersalé
Un film commenté et chapitré de 38’ : Les aubades de la Saint-Éloi de Châteaurenard
Version française
À une époque où la mondialisation érode la vivacité des traditions, où l'Europe réglemente à tout va, régions, villages et confréries séculaires resserrent les liens autour de ce qui leur reste de plus cher : la culture de la tradition.
À Châteaurenard-en-Provence, la confrérie de saint Éloi honore son Saint Patron depuis le début du XVIe siècle par un rituel propitiatoire lié aux moissons et aux solstices. C'est à la découverte du rituel estival, de ses acteurs et de ses modes de communication que nous invitent les membres de la confrérie.
- La processions du dimanche commentée.
- Le cantique de Saint Eloi de Jean Nouguier sous-titré.
La procession du dimanche matin est l’expression du savoir-faire, de la grandeur de la paysannerie et des métiers collatéraux d’autrefois :
• puissance des chevaux de trait (hommage aux éleveurs et maréchaux-ferrants) ;
• charrette (hommage aux charretiers) ;
• beauté des harnachements (hommage aux bourreliers) ;
• corde de chanvre (hommage aux cordeliers) ;
• céréales (hommage aux paysans)…
La procession s’organise selon un rituel précis. Le Comte de Villeneuve écrit ceci en parlant de la préparation des festivités du dimanche matin : « Dès le matin, un nombreux escadron se forme et va prendre, avec les tambours et les fifres, le capitaine et le lieutenant… Ils ont eu soin de préparer un chariot qui est orné de verdure et de fleurs. On attelle à ce char jusqu’à soixante mulets de choix, richement harnachés et montés chacun par un cavalier en costume villageois qui joint l’élégance à la propreté. (…) Les prieurs (bayles NdT) se placent dans le char avec la musique. »
Le galoubet et le tambour jouent pratiquement sans discontinuer « L’air de la charrette », sorte de prière perpétuelle et incantatoire rappelant de nombreux rites de par le monde. Selon un texte de François Vidal daté de 1862, cet air prendrait son origine dans le « Lagadigadèu » ou course de la tarasque dont on attribue l’origine au roi René.
Le cantique de saint Éloi (5’30)
La messe du dimanche matin est célébrée en langue provençale. On y chante tout particulièrement le Cantique de saint Éloi composé par Jean Nouguier sur l’air de « Prouvençau e catouli » (ici le refrain et les couplets 1, 2, 4). Ce cantique est important car il assure, à travers quelques vers, une transmission orale d’un fragment de la biographie du saint.
Saint Éloi
Saint Éloi est né dans le Limousin en 588, soit deux siècles avant Charlemagne. Il fut orfèvre auprès du roi Clotaire II puis du célèbre Dagobert avant de devenir évêque de la ville de Noyon.
Rôles de la confrérie
Serge Mariani : « Les fêtes de Saint Éloi d’été, c’est à la fois une profession de foi, une manière de vivre, une entraide… »
Bayles & baylesses
Le déroulement des festivités suit un processus qui se reproduit au fils des ans. Deux bayles secondés par deux capitaines, renouvelés chaque année, sont mis à l’honneur par la confrérie.
Décoration de la charrette
La charrette ramée est un joyau éphémère élevé à la gloire de Saint Éloi. Sa garniture est constituée de trois plantes longtemps cultivée dans la région de Châteaurenard : le blé noir, l’avoine et le chardon cardère.
Début des festivités
Les festivités estivales débutent par la marche de l’avant dernier dimanche de juin au soir. Le cortège est structuré de manière rigoureuse…
Les tournées et l’aubade
Le rituel estival dure une semaine. Des membres de la confrérie se regroupent pour aller donner l’aubade à travers ce qu’ils appellent les tournées.
Le galoubet
Si aujourd’hui les musiciens jouent le galoubet, il n’en a pas toujours été ainsi.
Le vendredi soir
C’est le vendredi soir que prend fin la tournée des jardinières. Au moment où l’équipage rentre au mas des bayles, les musiciens rendent les honneurs aux bayles et aux baylesses et par la même occasion à ceux qui ont garni la charrette.
La messe dominicale
Le dimanche matin, dès sept heures, débute la messe en plein air au mas des bayles, une messe dite en langue provençale. Pour la circonstance, dames et demoiselles ont revêtu le costume arlésien traditionnel.
La procession
La messe est suivie par la procession à travers les rues de la ville. Elle constitue l’apothéose du rituel estival.
À chacun ses raisons
Les motivations qui conduisent aujourd’hui chaque personne à côtoyer de près ou de loin la confrérie sont de diverses natures.
Les temps changent
Serge Mariani : « Si vous interviewez des anciens, il est certain qu’il y avait des anciens, avant tout, dans le monde agricole où autre la religion était la base de tout… actuellement c’est plus dur. »
Réorganisation
À la fin des années 1970, le monde paysan délaisse définitivement le cheval au profit d’une agriculture motorisée, obligeant les confréries à se réorganiser.
De la fête religieuse à la cavalcade
Si certains ont des velléités d’appropriation de la société de Saint Éloi de Châteaurenard, qu’on se le dise : « La Saint Éloi n’est pas à vendre ! »
À la recherche d’un sens
Être confrère actif de la société de Saint Éloi, c’est faire le choix d’une construction individuelle qui s’inspire du modèle des anciens, par imprégnation plutôt que par dogme.
La confrérie face à l’Europe
François Inisan : « À travers cette Europe, on essaie de nous faire rentrer dans des moules…»
Une belle fête !
François Inisan : « C’était une belle fête. il y avait beaucoup de monde. Il y avait énormément de charretiers parce qu’on a eu pas loin de soixante chevaux… »